Extrait du chapitre 1 : Les hommes-guerriers de Sylvainth
Introspection du Dragaãnh : Qui sait ce que renferme le cœur d’un redoutable guerrier dont les intentions d’acier monopolisent l’intérêt de ses soldats au point de paralyser chez eux, la moindre velléité de désobéissance ? Mais pouvait-on dire que j’étais l’un de ceux-là ?
Searle supervisait l’entraînement de ses hommes. Depuis la veille, au lendemain de leur retour de l’une de leurs expéditions en zone à risque, aucun ne s’était vraiment reposé ; à commencer par lui-même. L’officier était furieux. Contre lui-même, contre ses guerriers éduqués avec un acharnement frisant la démence, furieux également contre cette femme qui s’était fait sauvagement déchirer et qui en était morte. Furieux aussi contre la naïveté de cette dernière. Il haïssait ce travail dérisoire et stérile, d’une absurdité dégradante, mais il n’avait pas le choix d’un autre but. Lui seul pouvait protéger la caserne ; lui seul détenait la connaissance.
Son regard balaya la scène. Une cinquantaine de Sylvaneeths endurcis par les combats, éparpillés en une apparente confusion, investissait à cet instant l’imposante cour intérieure de la garnison pavée de pierres brun rouge extraites des fonds liquides des aqualides. La teinte immanente imprégnait le camp militaire, d’un rougeoiement sanglant qui accentuait l’atmosphère morbide régnant en permanence au sein de l’iloth. Sanglant comme la boucherie qui avait eu lieu deux jours auparavant, sanglant comme le corps de cette Sylvaneeth insouciante qui leur avait servi de leurre et d’appât pour quelques Draegs repérés au cours des précédentes incursions dans la zone de l’ancienne cité, là où pullulaient ces monstres non humains qui, mois après mois, année après année, réduisaient le nombre des Sylvaneeths et de leurs compagnes.
« La Cité des Morts », voilà comment l’on appelait, chez eux, la vieille cité abandonnée sur les berges de l’un des plus impressionnants aqualides découverts à ce jour. C’est en raison de la proximité de l’énorme loch et de la ville perdue que les soldats sylvaneeths avaient constitué, ici, leur camp de base, à un peu plus d’une journée de marche. La guerre acharnée à laquelle se livraient les deux races s’avérait si ancienne qu’ils en avaient gommé jusqu’au souvenir de son origine. L’apparition des Draegs ne remontait pourtant qu’à trois cycles de temps , s’insurgeait l’officier qui ressentait, chaque fois, une haine singulière et féroce pour le passé. Si l’on avait su prévoir…, se répétait-il souvent. Si les Humains d’alors avaient pu prévoir ? Ensuite, il avait été trop tard ; et aujourd’hui, ils continuaient tous à en payer le prix.
Searle sentit poindre la colère familière qu’il tentait vainement de maîtriser, de dompter depuis toujours. La cause pour laquelle ils se battaient l’horrifiait, comme un anachronisme de temps révolus qui pilonnerait la réalité du lendemain. Le sang de Searle bouillonnait dans ses veines de la frustration de ces dernières semaines, de l’insuffisance et de l’impuissance de leurs brigades face aux hordes de Draegs vicieux qu’ils affrontaient à longueur d’année. La femme-artifice était morte, morte de leur incompétence ; et lui, Searle, n’avait rien pu faire à part assister au massacre, comme tous les autres. Aucun recours possible ; ils étaient tellement démunis que c’en était sordide ; sordide en même temps que grotesque. Il serra les poings ; ses lèvres se fermèrent en un trait à peine visible. Ses yeux se plissèrent sous l’immonde vision. L’un de ses hommes fit une fausse manœuvre, et son capitanh s’emporta en rivant sur le maladroit un regard froid.
– Sors des rangs, Briehaemnt ! Réintègre la section des juniors, durant sept jours, avant d’oser revenir parmi nous. Tes impulsions sont exécrables, et tu le sais
[1] Un cycle de temps équivaut à cent années.
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Ton auteure Christine Barsi,
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